Notre force féminine se trouve dans notre capacité à accepter nos émotions.
Jeudi dernier, je discutais avec une amie autour d’un café. C’est une femme forte et féminine, qui rayonne de beauté et d’un respect indéniable envers elle-même. Vers la fin de notre discussion, alors qu’on parlait de vulnérabilité et de nos réactions dans les relations amoureuses, elle m’avoua timidement que ce qu’elle détestait le plus chez elle était son extrême sensibilité : elle était très émotive et pouvait fondre en larmes à la moindre remarque de son copain. Quand elle était en colère elle était obligée d’aller se cacher pour étouffer les larmes de frustration qui s’échappaient ou d’exploser pour se défendre. Pour elle qui souhaite à tout prix donner l’image d’une femme composée, cet aveu de faiblesse (à ses yeux) est son plus grand défaut.
« Je ne trouve pas que ce soit une faiblesse, lui ai-je répondu, au contraire, c’est ta force. »
Il existe plusieurs mythes qui circulent sur les émotions. L’un d’eux, particulièrement ravageur, à la vie dure : il serait honteux, à un certain niveau, de se laisser toucher par la vie et les actions des autres.
Comme si nous laisser être triste lorsque quelqu’un fait quelque chose qui nous blesse, sortir de nos gongs ou ressentir de la honte dans certaines situations signifiait que nous sommes faibles.
Pourtant, autant que nous aimerions être en contrôle, nous ne pouvons nier la vérité biologique des émotions : elles apparaissent indépendamment de notre volonté, et une fois qu’elles sont là, elles doivent être pleinement vécues pour s’en aller et laisser place à la prochaine vague.
Dans un instinct de survie, nous cherchons à les étouffer, que ce soit avec de la nourriture, en travaillant trop ou en parlant de manière compulsive. Nous pensons les bloquer en les niant et en nous coupant de nous-même et de nos ressentis. Si cela peut aider à faire redescendre la pression dans l’instant, cette stratégie ne peut qu’échouer sur le long terme. Les émotions ont besoin de s’exprimer dans notre corps avant de pouvoir s’envoler.
Lorsque nous refusons de ressentir nos émotions, nous nous coupons du message important qui les accompagne. Chacune de nos émotions est là pour nous servir, pour nous communiquer quelque chose sur nous ou sur une situation. C’est de cette manière qu’en tant que femmes, nous arrivons à développer une intuition acérée : en écoutant, moment par moment, les retours que nous fait notre corps sur ce qu’il se passe autour de nous.
Notre force, et plus particulièrement notre force féminine, se trouve dans l’acceptation et l’intégration de l’éventail complet de nos émotions. Ce n’est pas seulement une affaire d’accepter « mentalement » nos émotions, mais de nous laisser les ressentir, de vivre chacun des symptômes avec une présence dévouée, qui nous permet de nous calibrer aux autres, à nous-même et à la vie.
Le cadeau de cette pratique ? Nous ressentons les émotions agréables avec une intensité nouvelle. Car comme le dit si bien Brené Brown dans son Ted Talk sur la vulnérabilité, « Nous ne pouvons pas couper sélectivement nos émotions. Lorsque nous nous coupons des émotions difficiles, nous nous coupons aussi de la joie, de la gratitude, du bonheur ».
Comment faire, en pratique ?
Nous connecter à notre corps et aux sensations, changeantes, qui l’accompagnent à chaque instant.
Si nous n’avons pas l’habitude de ressentir nos émotions, il peut y avoir des étapes à franchir avant qu’elles puissent s’écouler librement à travers notre corps.
Tout d’abord, nous avons sûrement un paquet d’émotions de notre passé que nous avions enfouies et qui doivent remonter à la surface avant que nous puissions être réceptives à l’instant présent. Je ne peux que nous encourager à démarrer ce processus, même s’il peut être pénible et lent : la liberté qu’on ressent de l’autre côté n’a pas de prix !
Il est aussi possible d’avoir la sensation cotonneuse de ne rien ressentir. Elle est normale quand on a pris l’habitude de se couper de ce qu’il se passe en nous, et cela peut prendre un moment avant de réussir à découvrir ce qu’il se cache sous ce voile. Pour cela, la meilleure méthode est de rester la plus présente possible dans les moments de déconnexion, et d’essayer de ressentir là où l’absence de sensation se fait la plus présente, et de ressentir cette absence, jusqu’à ce qu’elle se sente assez en sécurité pour nous montrer ce qu’il y a en-dessous, et croyez-moi, il y a toujours quelque chose en dessous.
Enfin, il peut aussi être possible de nous laisser emporter par des expressions d’émotions démesurées par rapport à la situation. Cela est tout à fait normal. Arriver à être en phase avec ses émotions, agréables comme désagréables, instants par instants, est une pratique qui demande de l’entraînement, et la volonté de passer par toutes les couches des émotions précédentes qui n’ont pas encore été entendues.
Un seul mot pour aujourd’hui : ressentons. Laissons-nous être touchées, laissons-vous vivre toutes les nuances qui nous sont données de vivre.
C’est en débloquant cette énergie que nous mettons à lutter contre nos émotions en choisissant de les accepter à la place que nous libérons toute l’ampleur de notre puissance, et de notre beauté.
Xenia Dutoit
Mon blog
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